Le 7 janvier quand j'ai appris le massacre d'humains suite aux attentats à Paris, j'étais effondrée :
Bien sùr, je connais le fanatisme religieux , les guerres qui déssiment des hommes , des femmes, des enfants, pour asseoir, et assouvir des pouvoirs de dominance sur des peuples …
Cela bouleverse régulièrement mon besoin d'harmonie , de justice , de paix , du respect profond de la vie.
Il m'a fallu du temps pour comprendre sans admettre:
Des jeunes fanatisés ont tué des dessinateurs , des artistes, des libres-penseurs. ( voir article en fin de page la Pensée Extrème transmis par un ami )
Pour moi la vie est un don. j'ai une croyance profonde que nous sommes sur terre pour la célébrer pas pour l'anéantir
je n'avais pas pris la mesure de l'impact de la caricature, humoristique et satirique sur le fanatisme religieux et des risques courus par ces dessinateurs.
j'ai compris que ces jeunes fanatisés au point de devenir des terroristes, n'ont pas eu la chance d'avoir une seconde de leur existence , accès au "à la flamme de vie " qui est en eux et paradoxalement ont tué au nom d'un "dieu"....
L'absurdité la plus folle ... la guerre sainte ... comme au temps de l'inquisition où on brûlait les sorcières, où on torturait les libre- penseurs à d'autres époques .. Et depuis d'autres horreurs qui se perpétuent ...
Chez les dessinateurs qui ont été assasinés, je salue avant tout, des artistes au grand talent.j'admire leur dextérité, leur imagination, et leur extrème capacité à nous faire rire pour nous "gai rire ", des peurs multiples et variées qui nous habitent ,constamment activées par les "turbulences malveillantes politiques, religieuses, financières " de ce monde .
Il me semble que toute expression artistique éveille ce qui est universel en chacun de nous, notre sensiblité, nos sentiments , invite à ouvrir les portes de notre esprit : Un "grand tout" qui relie les simples humains que nous sommes : Accueillir la diversité des ombres et des lumières qui nous habitent , nous font vibrer.
Dans la création artistique il y a une transcendance que ma "culture" m' a apprise , enseignée...à comprendre pour admettre parfois, ce qui me choque, me surprend, me dérange.
J' aime ou je n'aime pas , je critique ,je peux même m'indigner ....
Fort heureusement j'y trouve presque toujours une grande réjouissance ...
La création artistique est en quelque sorte une expression du "SACRE " que chaque être humain possède au fond de lui et que certains ressentent et expriment plus aisément que d'autres.
je mesure la chance de vivre en tant que femme dans un pays où la liberté d'espression est revendiquée par une immense majorité de citoyens, qui sont déscendus dans la rue le soir des attentats sans avoir besoin de mots d'ordre politiques ou autres .
Ma FOI (qui n'a rien à voir avec une religion ),en l'émancipation personnelle et réciproque des êtres humains est puissante et me guide pour tenter de créer de l'harmonie en moi-même et autant que faire ce peut avec mes proches . famille , amis , relations.
Je la cultive avec humilité . Il y a toujours une étoile qui brille pour celui qui sait la regarder.
C'est un héritage que m'a légué son père .
Imaginons qu'au nom d'une tradition à respecter ,
on m' interdirait de fabriquer des "bigoudènes émancipées" parce qu'elles seraient "blasphématoires"avec leurs fesses dénudées et leur poitrine provocante ?
Je n'ose pas y penser.... On briserait "la fille de joie" qui est en moi.
Elle est présente chez toutes les femmes qui ensemencent et cultivent l'amour, déterrent les herbes de la haine et ont la chance de rencontrer des hommes qui ont accueilli le "féminin " qui est en eux .
Lors de la guerre 39 45 , mon père un humaniste pacifiste a jeté les fusils qu'on lui a mis dans les mains. Il a été fait prisonnier . il a survécu.....
Honneur à lui et à tous les hommes qui sont sur ce chemin.
Celui de déployer leur virilité par une force tranquille et non-violente .
Jean-Bruno Renard
Gérald Bronner, La pensée extrême.
Comment des hommes ordinaires
deviennent des fanatiques
Paris, Denoël, 2009, 348 p.
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électronique ouverte (CNRS, EHESS, UP, UAPV).
Paris, Denoël, 2009, 348 p.
Pagination de l’édition papier : p. 133
1 La publication par Gérald Bronner de L’empire des croyances (Paris, PUF, 2003), puis de
Vie et mort des croyances collectives (Paris, Hermann, 2006) a fait de son auteur une figure
marquante de la « sociologie cognitive » qui s’est développée dans le sillage de la théorie
générale de la rationalité de Raymond Boudon. La pensée extrême relève le défi d’appliquer
cette approche à des croyances de fanatiques, que l’on qualifie si aisément de « fous » tant leurs idées et leurs comportements nous paraissent « irrationnels ». Ce livre passionnant, où l’auteur cisèle les notions comme un orfèvre, est une magistrale démonstration des mécanismes qui conduisent, de manière logique bien qu’effrayante, à adhérer à des idées extrémistes.
2 L’auteur rappelle qu’une croyance se définit à la fois par un contenu (une idée) et par un rapport à ce contenu (une adhésion plus ou moins forte). La spécificité de la pensée extrême est qu’elle « adhère radicalement à une idée radicale » (p. 130). La conséquence en est que les idées extrêmes sont soit faiblement « transsubjectives », c’est-à-dire qu’elles se propagent peu dans une population parce qu’elles sont perçues comme peu convaincantes, soit « sociopathiques », c’est-à-dire qu’elles n’admettent pas des visions du monde différentes, soit encore dans les formes les plus dangereuses, elles cumulent les deux caractéristiques.
D’où trois types d’extrémistes selon une progression croissante : les extrémistes aux croyances faiblement transsubjectives et faiblement sociopathiques (par exemple les collectionneurs compulsifs, les passionnés d’ovni, les fondamentalistes religieux non expansionnistes qui par conviction peuvent mettre en jeu leur vie mais pas celle des autres), les extrémistes aux croyances transsubjectives et sociopathiques (les mouvements violents, mais « compréhensibles »par beaucoup, comme les rebelles extrémistes, les égalitaristes, les antispécistes, etc.), enfin les extrémistes aux croyances faiblement transsubjectives et fortement sociopathiques (les membres de sectes se suicidant collectivement, les terroristes kamikazes, violents et« incompréhensibles »).
3 La radicalité de la pensée extrême est le point ultime – rarement atteint – d’un processus
graduel et rationnel d’adhésion à des idées. « Chaque étape a poussé l’individu vers la pensée extrême, mais chacune d’entre elles, prise séparément, peut sans doute être considérée comme raisonnable » (p. 36). Ainsi le militant sioniste extrémiste qui assassina Yitzhak Rabin, en 1995, a tenu un raisonnement implacable par sa logique : le juif pieux se soumet à la volonté divine ; la volonté divine s’exprime dans la Torah ; selon la Torah, Dieu a donné aux juifs la Terre sainte ; toute personne qui s’oppose à la colonisation s’oppose à la volonté de Dieu et doit donc être combattue, y compris par la violence, justifiée par laTorah. De même, les terroristes islamistes d’al-Qaïda pensent que les musulmans sont persécutés par des ennemis, que le Coran incite les bons musulmans à mener contre eux une guerre sainte, que les ennemis sont les Américains et leurs alliés (et non seulement leurs gouvernants), et que par conséquent la violence envers les populations américaine ou européennes est légitime. Pour la pensée extrême, tout compromis, tout aménagement, est inacceptable. La pensée ordinaire accepte les contradictions entre les croyances qui coexistent dans notre esprit ou dans notre société. La pensée extrême ne les accepte pas et construit une doctrine cohérente, « pure », monolithique et manichéenne. L’auteur rappelle, à la suite de plusieurs auteurs, que les terroristes ne sont pas des fous, des ignorants ou des déshérités : ils sont le plus souvent issus de classes supérieures et possèdent un niveau élevé d’instruction.
Gérald Bronner, La pensée extrême. Comment des hommes ordinaires deviennent des fanatique 3
Archives de sciences sociales des religions, 156 | octobre-décembre 2011
4 Nous avons, souligne-t-il, de « bonnes raisons » pour résister à l’idée d’une rationalité des
comportements extrêmes : comprendre, ce serait être complice, ou admettre que le mal est
en nous, ou prôner un relativisme conduisant à reconnaître les « valeurs » des terroristes. Il
nous faut pourtant accepter l’idée que l’extrémisme satisfait aux critères de la rationalité : « il énonce des doctrines cohérentes » (p. 61) et « il propose des moyens en adéquation aux fins poursuivies » (idem). Comme l’écrit l’auteur, « c’est là le problème avec l’extrémiste, il met en demeure par ses actions, par ses reproches, les individus plus tièdes que lui, mais partageant les mêmes valeurs, les mêmes croyances, de se mettre en conformité avec elles » (p. 95). La pensée extrême pèche non par manque mais par excès de logique. En adoptant une maxime qu’ils partagent tous, « la fin justifie les moyens », les fanatiques établissent une hiérarchie absolue et intangible de leurs valeurs. « Ce n’est pas qu’ils méconnaissent le mal, c’est qu’ils se croient autorisés à le faire » (p. 269). Dans la pensée ordinaire, on « met en balance » nos valeurs selon les situations, par exemple on peut mentir pour sauver une vie, manger un aliment interdit par la religion pour survivre.
Autrement dit, on fait un usage relatif et conditionnel des valeurs.
Au contraire, les fanatiques adhèrent de manière inconditionnelle à certaines croyances, ce
qui les conduit à une « incommensurabilité mentale », c’est-à-dire une insensibilité à tout
système de valeurs concurrent. En bref, les extrémistes considèrent « comme nonégociables
des croyances qui ne peuvent constituer le ciment de la vie sociale » (p. 307).
5 Ce n’est pas le moindre des intérêts de cet ouvrage que de s’interroger en conclusion sur la manière de « faire changer d’avis un extrémiste » (p. 309). Pour l’auteur, l’attitude fanatique, pour extrême qu’elle soit, n’en est pas moins fragile et souvent temporaire : on ne naît pas fanatique, on le devient, et on ne reste pas fanatique toute sa vie (cf. la bande à Baader, les Brigades rouges). Les chemins qui mènent à l’extrémisme peuvent donc être pris en sens inverse : apparition du doute – d’abord sur les éléments périphériques des croyances, ceux qui ont souvent permis la radicalisation –, rétablissement d’une « concurrence cognitive » entre les valeurs, rétablissement d’un contact social pour contrer l’enfermement sectaire, disparition des frustrations qui ont suscité l’adhésion fanatique. C’est dire combien l’ouvrage de GéraldBronner sera précieux pour tous ceux qui s’intéressent non seulement aux croyances en général, mais plus spécialement à l’extrémisme religieux ou politique et aux dérives sectaires.
Référence(s) :
Gérald Bronner, La pensée extrême. Comment des hommes ordinaires deviennent des
fanatiques, Paris, Denoël, 2009, 348 p.
Pour citer cet article
Référence électronique
Jean-Bruno Renard, « Gérald Bronner, La pensée extrême. Comment des hommes ordinaires
deviennent des fanatiques », Archives de sciences sociales des religions [En ligne], 156 | octobredécembre